Vivre à la campagne dans un château au XXIe siècle. C’est le ravissement bucolique que s’est offert le grand décorateur Jacques Garcia avec un projet passion : la rénovation grandiose du château du Champ de Bataille en Normandie.
Trente ans. C’est le temps qu’il a fallu pour faire renaître de ses cendres toute une grande époque et lui offrir un second souffle. Un rêve d’enfant devenu réalité :
« Depuis l’âge de 10 ans, et grâce à mon père, passionné d’art, j’ai découvert des châteaux magnifiques remplis de choses merveilleuses. Un autre monde qui m’était étranger et j’ai pensé que cela m’amuserait d’y entrer… »
Quand Jacques Garcia achète le château du Champ de Bataille en 1992, il n’est plus « qu’une ruine au jardin envahi d’herbes folles », écrira-t-il dans Challenges. Vivre à la campagne, réminiscence d’une douce enfance, sonne comme une évidence :
« Je suis issu du milieu rural et j’ai vécu une enfance merveilleuse chez mes grands-parents pour les vacances, entouré de chevaux, de potagers, de vignes et de vergers. La vraie vie de hobereau à la campagne comme on pouvait la vivre au XIXe siècle. »
Son vœu ? Y « raconter l’Histoire de France » en sauvant un patrimoine emblématique. Ni une ni deux, l’infatigable artiste, créateur, entre autres réalisations mythiques, des décors emblématiques et spectaculaires de l’hôtel Costes à Paris ou de La Mamounia à Marrakech, débute une véritable course aux trésors pour remodeler le château tel qu’à sa création, au XVIIe siècle, construit par le comte
Alexandre de Créqui, condamné à résidence par Mazarin :
« J’ai rétabli les décors d’époque en allant de 1660 à la fin du XIXe siècle en accumulant des objets d’art provenant des ventes révolutionnaires des grandes résidences royales, Versailles, Fontainebleau, Compiègne… On circule entre des objets ayant appartenu à Louis XIV, Marie-Thérèse, Louis XV, Madame de Pompadour ou Joséphine, un monde de collectionneurs qui ont fait le goût de la France. C’est une vraie plongée dans une vie
de palais. »
Même goût du détail pour les 44 hectares de jardin, réaménagés à l’identique avec un twist :
« Je possédais un dessin de la main de Le Nôtre représentant le jardin d’origine, mais une tempête terrible en 1993 avait dévasté la propriété. J’ai donc procédé à des fouilles archéologiques confirmant que ce jardin avait bien existé. J’ai rétabli l’ancien en y ajoutant un jardin romain et un jardin indien. »
C’est quoi une vie de châtelain au XXIe siècle ?
« C’est le fait de vivre dans un château. Cela crée un enchantement. Champ de Bataille est un Versailles habité. »