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La Charte de Venise : conservation et restauration des monuments historiques

Charte de Venise
Sommaire

Les bâtiments et œuvres du passé sont aujourd’hui un témoignage vivant des traditions ancestrales. Or nous prenons chaque jour un peu plus conscience de l’unité des valeurs humaines, que nous considérons désormais comme un patrimoine commun. Cela nous conduit notamment à nous reconnaître responsables de leur sauvegarde, dans un désir ardent de transmettre aux générations futures les joyaux de l’histoire des Hommes. Et c’est dans cette optique de préservation et de transmission de notre patrimoine historique et architectural qu’a été conçue la Charte de Venise.

Une nouvelle charte pour encadrer la conservation et la restauration des monuments historiques

La Charte internationale sur la conservation et la restauration des monuments et des sites, dite Charte de Venise, approuvée en 1964, complète et affine les principes fondamentaux de la Charte d’Athènes signée, elle, en 1931. Cette dernière affirmait l’intérêt de toutes les étapes de la vie d’un édifice et préconisait de « respecter l’œuvre historique et artistique du passé, sans proscrire le style d’aucune époque ». Elle recommandait par exemple une occupation des monuments, tels que les châteaux, qui respecte leur caractère historique ou artistique, cela de manière à assurer la continuité de leur vie. Cette charte insistait également sur le rôle de l’éducation dans le respect des monuments historiques.

La Charte de Venise fait écho à celle d’Athènes en ce qu’elle souligne l’intérêt de conserver les édifices remarquables en état de fonctionnement (sans pour autant affecter leur ordonnance ou leur décor), mais elle en approfondit aussi les principes et en élargit la portée. Le monument historique y est ainsi redéfini comme « site urbain ou rural qui porte témoignage d’une civilisation particulière, d’une évolution significative ou d’un événement historique ».

Quelles sont les dispositions de cette charte internationale ?

Le traité établi à Venise est structuré en 16 articles, répartis en six sections. Il y est question de trois aspects.

La conservation des sites et des monuments historiques

La Charte définit ce que sont les monuments historiques, en les considérant non seulement comme des créations isolées mais aussi comme une partie intégrante de l’environnement dans lequel ils se situent, y compris le cadre urbain ou paysager.

Ces édifices appartenant au patrimoine historique, culturel ou architectural doivent être affectés à une fonction utile à la société, mais maintenus dans leur unité, avec leurs éléments de sculpture, de peinture ou de décoration.

Elle distingue :

  • la conservation : qui englobe les mesures nécessaires pour maintenir l’intégrité du patrimoine ;
  • la restauration : qui regroupe les actions visant à révéler et mettre en valeur l’esthétique et l’historicité des monuments.

La restauration

Restaurer doit signifier conserver et révéler les valeurs esthétiques et historiques du monument, objet des travaux de restauration, en se fondant sur « le respect de la substance ancienne et de documents authentiques ».

La Charte insiste sur le respect de l’authenticité et de l’intégrité du bâtiment. Cela signifie que toute intervention doit être faite dans le respect de la préservation des matériaux, des techniques de construction et de l’Histoire d’origine du bâtiment autant que possible.

Les fouilles et la documentation

Il est notamment nécessaire de les mener à bien conformément à des normes scientifiques et à la « Recommandation définissant les principes internationaux à appliquer en matière de fouilles archéologiques »  adoptée par l’UNESCO en 1956.

La charte stipule qu’avant toute intervention, une documentation détaillée du monument dans son état actuel doit être réalisée. Cela comprend des études historiques et physiques pour comprendre les strates de modifications apportées au fil du temps.

La charte internationale sur la conservation et la restauration des monuments et des sites historiques traite également de toute la documentation et des publications qui doivent accompagner ces travaux de conservation, de restauration et de fouilles.

L’impact de la Charte de Venise dans un projet de restauration de bâtiment historique

Avant toute intervention, la Charte recommande une étude détaillée du bâtiment. Cela implique la collecte d’informations historiques, architecturales, physiques et culturelles. Cette démarche, essentielle à la planification d’une restauration respectueuse, peut toutefois retarder le début des travaux et faire durer en longueur des projets.

De même, La Charte souligne l’importance de faire appel à des professionnels qualifiés et compétents dans le domaine de la restauration des monuments historiques. Cette obligation peut compliquer le processus car ces équipes spécialisées ne sont pas si nombreuses en France. Mais leur intervention est indispensable dans les restaurations afin de traiter avec respect les bâtiments historiques et le patrimoine architectural, culturel et historique qu’ils représentent.

Dans les faits

L'application des principes de la Charte de Venise dans un projet de restauration d'un bâtiment historique garantit une approche respectueuse et éclairée, visant à préserver l'intégrité, l'authenticité et la valeur culturelle du patrimoine pour les générations futures. Elle influence la conception et l'exécution des projets de restauration, en mettant l'accent sur la conservation plutôt que sur la reconstruction ou la rénovation lourde.

Les dernières mesures en date pour conserver et restaurer les monuments historiques

Si l’on se réfère aujourd’hui toujours et régulièrement à la Charte de Venise, notons qu’une autre charte, mise au point à Cracovie en 2000, reprend un certain nombre de points des deux chartes précédentes. Elle apporte néanmoins une nouvelle définition au concept de projet de restauration et de la conservation du patrimoine qu’elle considère comme devant être basé « sur un éventail d’options techniques adéquates » et être préparé par un « processus cognitif de recueil d’informations et de compréhension de l’immeuble ou du site », induisant ainsi l’interdisciplinarité.

Les guides BARNES Propriétés et Châteaux
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